Originaire d’Alsace, Léon Gasser dit Mas, 80 ans, et son épouse Lydia habitent Gayon, dans une maison typiquement béarnaise avec une superbe vue sur les coteaux du Vic- Bilh, depuis 1965. Lydia est venue pendant la guerre, comme réfugiée à Luc-Armau. Elle avait 5 ans. Tous ses premiers souvenirs d’enfance remontent à cette époque-là. Elle tenait à revenir en Béarn.
Léon Gasser a obtenu sa licence professionnelle aux Arts décoratifs de Strasbourg, école permettant aux enfants issus de familles modestes d’apprendre le dessin. « J’avais 15 ans. J’y ai appris la technique et je me suis amélioré. J’y suis resté trois ans, puis il a fallu aller travailler. Je suis devenu décorateur de grands magasins en Alsace. Puis un jour, j’ai acheté un chevalet et un fourgon, et je suis parti vers la Provence avec Lydia et nos deux enfants en bas âge. »
« C’est d’ailleurs en Provence que les autres peintres, avec mon look gitan, m’ont donné le surnom de peintre bohème », raconte—t-il.
Les tableaux de cette époque sont éparpillés dans de nombreux pays : Allemagne, Suisse, Finlande, Amérique. « Beaucoup d’Américains venaient sur la côte, attirés par Brigitte Bardot. »
« J’ai fait également de la restauration de tableaux. J’ai été coté, et à partir de là, notre vie s’est améliorée. Nous avons pu acheter une belle voiture pour tracter une grande caravane, et enfin cette maison, où un chêne bicentenaire me rattache encore à la Provence et à Georges Brassens. »
Peintre atypiqueLéon Gasser se qualifie lui même de peintre atypique. Spécialiste du portrait (Jean Richard du cirque Zavatta entre autres), il peint aussi des natures mortes, des paysages. Un grand tableau (« La Veillée ») trône dans la salle du Conseil de la mairie de Gayon.
Son épouse, l’a toujours soutenu, même à l’époque des vaches maigres. Elle est de tout temps son égérie. « En hiver, grâce à Rodolph Entz, inspecteur d’académie, j’ai fait des animations scolaires qui m’ont beaucoup apporté au niveau relationnel. Ça a été un enrichissement personnel de transmettre aux enfants. J’ai eu beaucoup de plaisir à le faire, même si, pécuniairement, ce n’était pas du tout rentable. »
Diverses techniquesLéon Gasser utilise diverses techniques : couteau, huile, fusain, gouache. Il a été l’un des premiers à peindre à l’acrylique. Par contre, le pastel ne l’attire pas : « Pas assez viril, ne me correspond pas. Maintenant que je suis libre de toutes contingences financières, j’ai envie de peindre des choses typiques, comme les maisons béarnaises, les petites chapelles, les lavoirs, les vieilles personnes burinées… »
Léon Gasser est dyalisé, et malgré son récent accident vasculaire cérébral, dont il garde quelques séquelles, il continue à peindre. En ce moment, il dessine pour se préparer au Salon de l’enfance à Paris (il y est portraitiste diplômé). Bientôt, il exposera sa série sur les animaux de basse-cour à Pau.
Une Marianne du paysLéon Gasser a peint, pour la mairie de Gayon, une Marianne unique au monde, puisque la République est représentée par une enfant du pays : Marie-Pierre Paragné. Un tableau de la tour de Lembeye a illustré des enveloppes vendues par la Poste. Il a aussi peint les cinq membres de la police municipale de Sainte-Maxime (clin d’œil aux gendarmes de Saint-Tropez), œuvres offertes à la commune.